Par le Dr Jean-Paul Vove sexologue à Bordeaux Le Bouscat
Rien n’est plus décourageant qu’un professionnel de santé qui déclare : « Je ne sais plus quoi faire » ou « On ne peut plus rien faire ».
S’il reste une seule situation lors de laquelle on ne peut plus rien faire, ce serait, dans un couple, lorsqu’un des deux a jeté l’éponge, déclare le couple comme fini et refuse toute conciliation. Là, même avec la meilleure volonté, le thérapeute se voit privé de toutes ses armes thérapeutiques. Et encore ! Cela reste à prouver...
Dans tous les autres cas, quelles que soient les circonstances, que Monsieur consulte seule, ou Madame seule ou les deux ensembles, ont peut trouver une solution. Si le mot solution est trop présomptueux, il est possible de trouver des compromis qui permettent de revenir à une situation acceptable et satisfaisante pour le couple.
Il est indispensable de disposer d’une large palette de traitements pour répondre à une multitude de situations particulières.
Même si le fonctionnement des couples obéit aux stratégies de la psychologie humaine, chaque couple est une entité singulière.
Le médecin sexologue dispose de nombreux outils pour analyser la situation. Il est impartial. Il peut démêler les situations bloquées les plus complexes et proposer un chemin pour revenir à la situation satisfaisante pour le couple, apaisée et enrichissante. Ce nouveau mode de fonctionnement pour le couple peut être différente de ce qu'ils avaient imaginé !
En plus des thérapeutiques médicamenteuses classiques, le médecin sexologue peut utiliser la psychothérapie, la relaxation, les thérapies cognitivo-comportementales mais peut également proposer une aide extérieure s’il le juge utile : psychologue, psychiatre, gynécologue, urologue, kinésithérapeute…
Chez l’homme :
La majorité des consultations concerne les troubles de l’érection. On parle de dysfonction érectile.
Il faut bien différentier les troubles de l’érection et les problèmes d’éjaculation.
Un entretien minutieux permet de bien identifier le trouble. En effet, sous le vocable « problème d’érection » on peut en fait distinguer un grand nombre de situations différentes en fonction de l’âge, des circonstances, du ou de la partenaire...
L’érection ne fonctionne bien qu’en mode automatique. Dès qu’un homme se pose une question sur son érection ça devient compliqué et la panne menace. Dès qu’un homme est stressé, dès qu’il a un problème, un souci, son érection est défaillante. Ce peut être un problème professionnel, familial, conjugal, financier…
Il faut différencier les hommes "entiers", c'est à dire qui n'ont bénéficié d'aucune intervention chirurgicale urologique et ceux qui ont été opérés de la prostate et/ou de la vessie. La prise en charge du trouble est bien évidemment très différente selon les cas.
Selon l’âge, l’érection peut être totalement absente, même le matin au réveil ou insuffisante pour autoriser un rapport sexuel correct. Plusieurs molécules sont disponibles. Leur prescription ne se fait pas au hasard.
L'éjaculation peut être trop rapide, précoce ou prématurée, retardée ou absente.
Lorsque l’éjaculation est trop précoce cela entraine une grande frustration chez l’homme mais également chez sa partenaire. Cette situation est fréquemment à l'origine du conflit qui amène le couple à consulter.
On dispose d’un médicament, la dapoxétine (Priligy ©) qui permet de passer un cap en attendant le résultat de la rééducation. Les résultats sont plus rapides quand le traitement est débuté tôt et qu’on a une partenaire qui coopère.
L'éjaculation retardée ou absente est fréquemment lièe à un trouble de l'excitation. La thérapie cognitivo-comportementale est efficace dans ces situations.
Chez la femme :
On rencontre un grand nombre de situations mais deux cas sont fréquents :
Les troubles du désir: diminution, voire perte totale du désir sexuel qu’on appelle le désir hypoactif. C’est fréquemment consécutif à un stress, un problème conjugal ou familial. Il n’y a pas de traitement médicamenteux. La thérapie cognitivo-comportementale est efficaces.
Les difficultés lors de la pénétration, qui vont de la simple gêne aux douleurs empêchant totalement tout rapport sexuel. On parle alors de dyspareunie. Avant toute chose, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de problème gynécologique. Il est parfois difficile de trancher entre les affections gynécologiques potentiellement douloureuses et les douleurs sous-tendues par des conflits intra-psychiques.
Lorsque tout est normal sur le plan gynécologique, qu'en théorie rien n'empèche la pénétration, mais que celle-ci n'est pas possible malgré le désir de la femme d'être pénétrée, on parle de vaginisme. Ce trouble peut être primaire si la femme n'a jamais été pénétrée, ou secondaire si la difficulté survient après une période de sexualité normale et satisfaisante avec pénétration vaginale.
Chez le couple :
Il n'est pas indifférent de savoir qui a pris l'initiative de consulter : Monsieur tout seul pour trouver une solution à son problème, ou sur l'insistance prononcée du ou de la partenaire. Madame toute seule parce qu'elle craint que son partenaire s'échappe car elle n'a "jamais envie". Ou les deux, main dans la main, venant chercher ensemble un nouveau mode de fonctionnement pour leur couple.
Il faut différencier les couples en conflit "à cause" du trouble sexuel d'un des partenaires et les couples en conflit pour lesquels c'est le conflit non réglé qui est "la cause" du trouble sexuel.
Le problème qui amène le couple à consulter est souvent ancien, enkysté. On ne se touche plus. On ne se parle plus. On expédie les affaires courantes, courses, enfants, école, famille, comme des colocataires. Avant de se lancer dans une thérapie conjugale, il faut être sûr de la volonté des deux partenaires de trouver une solution. Dans le cas contraire c’est une perte de temps inutile. La première question à se poser est probablement : est ce que je tiens à lui ou à elle ?
Que la thérapie soit individuelle ou conjugale, elle nécessite de la constance, de la patience et de la persévérance. La résistance au changement est importante. Les modifications comportementales sont infimes, à la marge, elles demandent du temps. Les couples arrêtent souvent le traitement prématurément, avant que le cercle vertueux s’installe. On est en droit de se demander si leur désir de changer les choses était bien sincère des deux côtés.
Bien évidemment le sexologue ne donne pas de solution toute faite.
Il amène progressivement le couple à trouver la solution qui lui convient, comparable à celle qui était satisfaisante auparavant mais possiblement différente de la situation antérieure.
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